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5. Inflammation - Partie 1 (Syllabus)

Cours 5 - Inflammation

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CHAPITRE 4 Inflammation

Le processus inflammatoire est l’ensemble des modifications vasculaires, tissulaires et humorales produites chez les êtres vivants pluri-tissulaires après des lésions des cellules ou des tissus, quelle qu’en soit la cause. C’est un phénomène ubiquitaire se déroulant de façon préférentielle dans le tissu conjonctif et qui normalement tend à limiter et à réparer les effets de l’agression. Il prend fin avec la réparation ou la cicatrisation de la lésion. Il ne peut se dérouler que dans un tissu vascularisé (donc pas dans certains tissus normalement avasculaires, comme le cartilage, la cornée). Les causes sont multiples. Elles déterminent des lésions cellulaires ou tissulaires qui vont déclencher l’inflammation. • causes physiques (traumatisme, chaleur, froid, rayonnement, courant électrique, corps étranger exogène) • causes trophiques par défaut de vascularisation • causes chimiques (acides, bases, venins, toxines, corps étrangers endogènes, cristaux de cholestérol) • causes biologiques (bactéries, virus, parasites, champignons) • maladies auto-immunes, greffes, GVH. On note que l’agression peut être endogène ou exogène, que les causes infectieuses (micro-organismes) ne constituent qu’une petite partie des causes de l’inflammation. On verra que certaines causes déterminent des lésions dont la morphologie est particulière d’où la notion d’inflammation spécifique (cf 4-5). D’autre part, un même agent pathogène peut entraîner des réactions inflammatoires différentes selon l’hôte, d’où l’importance des facteurs liés à l’hôte (facteurs favorisants ou facteurs protecteurs). Le déroulement du processus inflammatoire est toujours le même. Il évolue en trois stades successifs:
- un stade caractérisé par les réactions vasculo-sanguines
- un stade caractérisé par les réactions cellulaires (phase productive)
- un stade de cicatrisation Les réactions vasculosanguines et cellulaires sont le plus souvent intriquées.

4-1- Phase vasculaire de l’inflammation Les réactions vasculo-sanguines regroupent 3 phénomènes:
- la congestion active
- l’oedème inflammatoire • la diapédèse leucocytaire La congestion active est due à une vasodilatation survenant après une brève phase de vaso-constriction qui favorise l’hémostase. Elle est artériolaire puis capillaire, d’où une augmentation du débit sanguin mais un ralentissement circulatoire. Elle se traduit par une distension des capillaires qui apparaissent gorgés de sang, bordés par un endothélium turgescent. Elle est déterminée par:
- un mécanisme nerveux (nerfs vasomoteurs) • un mécanisme chimique impliquant l’histamine, la sérotonine, les kinines et les prostaglandines et les leucotriènes. L’action de l’histamine mastocytaire n’explique que les réactions vasculaires précoces, qui sont relayées notamment par les kinines. L’oedème inflammatoire est un phénomène actif dû au passage, à partir des vaisseaux congestifs, vers le milieu interstitiel, d’un liquide proche du plasma. Ce passage est lié à l’augmentation de la pression hydrostatique et surtout à l’augmentation de la perméabilité de la paroi vasculaire des capillaires et des veinules. L’oedème a pour conséquence:
- de diluer le foyer inflammatoire
- de limiter ce foyer par une barrière fibrineuse (fibrinogène)
- de concentrer sur place les moyens de défense humoraux (immunoglobulines, complément) et apporter des médiateurs chimiques
- de ralentir le courant circulatoire par hémoconcentration, ce qui favorise le phénomène suivant, la diapédèse leucocytaire. L’oedème inflammatoire donne dans une cavité un exsudat riche en protéines, ce qui l’oppose au transsudat. L’érythrodiapédèse est un phénomène pathologique traduit par le passage d’hématies hors des vaisseaux, ce qui détermine des hémorragies interstitielles. Elle implique des lésions des parois capillaires; elle est importante dans certaines inflammations.

La diapédèse leucocytaire est la traversée active des parois vasculaires par les leucocytes. Elle a surtout été étudiée sur les polynucléaires mais intéresse également les lymphocytes et les monocytes circulants. Elle est favorisée par le ralentissement circulatoire, la turgescence endothéliale, l’afflux leucocytaire. Elle débute par la margination des leucocytes qui adhèrent à la paroi endothéliale. Les polynucléaires émettent ensuite des pseudopodes, s’infiltrent entre les cellules endothéliales, puis traversent la membrane basale. L’accolement se fait grâce à l’interaction des molécules d’adhérence spécifiques présentes à la surface de la cellule endothéliale et du polynucléaire (cf chapitre 2-1-4-3). Morphologiquement, la diapédèse leucocytaire se manifeste par un infiltrat inflammatoire périvasculaire. Anatomie pathologique La prédominance de la réaction vasculaire caractérise les inflammations aiguës. Elles ont généralement un début brutal et une évolution brève. On en distingue cinq formes: L’inflammation congestive: elle est fugace, rapidement résolutive, traduite par une simple congestion artériolaire et capillaire exemple: l’érythème solaire L’inflammation oedémateuse: elle est caractérisée par une exsudation séreuse pauvre en fibrine exemples: l’urticaire, l’oedème de Quincke L’inflammation fibrineuse: elle comprend une exsudation plasmatique plus ou moins riche en fibrine, qui peut aboutir par coagulation de la fibrine à la constitution de dépôts solides exemples: les fausses membranes de l’angine diphtérique; enduit fibrinoleucocytaire de l’ulcère gastrique L’inflammation fibrino-leucocytaire: associé à un exsudat fibrineux, l’afflux leucocytaire est plus ou moins important, par diapédèse exemple: l’alvéolite fibrino-leucocytaire de l’hépatisation grise de la pneumonie L’inflammation hémorragique: il existe une infiltration d’hématies extravasées. Cette érythrodiapédèse est la conséquence d’une fragilisation de l’endothélium. Elle est due à l’agent pathogène lui-même ou à une perturbation vasculaire antérieure avec stase. exemple: le syndrome grave des maladies infectieuses, les fièvres hémorragiques d’origine virale

4-2- Phase cellulaire de l’inflammation 4-2-1- Physiopathogénie Les phénomènes vasculo-exsudatifs initiaux permettent l’arrivée dans le foyer inflammatoire des leucocytes. Les premiers sur place (environ 6 heures) sont les polynucléaires. Ils sont le stigmate morphologique d’une inflammation aiguë. En fonction de la cause de l’inflammation, ceux-ci pourront persister sur place et s’accumuler en étant à l’origine d’une suppuration. Le plus souvent, les polynucléaires sont progressivement remplacés sur le site inflammatoire par les cellules mononucléées. Parmi celles-ci, les macrophages ont pour fonction d’assurer la détersion grâce à leur capacité de phagocytose. Il s’y associe des lymphocytes et des plasmocytes qui participent à la réponse immune spécifique de l’antigène. Lorsque l’inflammation persiste, l’infiltrat inflammatoire est généralement constitué d’une majorité de cellules mononucléées. La phagocytose est une propriété des polynucléaires et des monocytes macrophages; elle consiste à englober dans une vacuole de phagocytose intracytoplasmique une structure figurée (micro-organismes, corps étrangers, autres cellules), l’englobement nécessite des opsonines notamment les 3ème et 5ème fractions du complément (C3 et C5) et la fraction Fc des immunoglobulines. Les lysosomes primaires et secondaires contenus dans les grains des polynucléaires et des monocytes sont déversés dans la vacuole de phagocytose ou phagosome. Les enzymes lysosomiales sont des hydrolases, des protéases, de la myélopéroxydase (MPO) qui, associées à des agents oxydants et un halogène peuvent entraîner la lyse de l’agent pathogène (le système bactéricide le plus efficace du polynucléaire neutrophile est H2O2 + MPO + halogène). Il y a aussi des mécanismes indépendants de l’oxygène avec action de substances présentes dans les grains des polynucléaires : lysozyme, lactoferrine, protéines basiques cationiques, défensines. Le résultat de la phagocytose est variable : • destruction de l’agent pathogène par le phagocyte • destruction du phagocyte par l’agent pathogène, d’où libération d’enzymes lysosomiales dans le tissu conjonctif • équilibre entre agent pathogène et phagocyte • granulome inflammatoire associant des cellules variées La composition cellulaire de l’infiltrat inflammatoire varie donc en fonction du temps, elle varie également en fonction de la cause de l’inflammation et un type cellulaire peut être largement prédominant sur les autres.

Au niveau du site de l’inflammation sont également sécrétés de nombreux facteurs de croissance (VEGF/VPF, PDGF, TGF ...) qui permettent la multiplication de néovaisseaux, des fibroblastes du tissu interstitiel et éventuellement la régénération du tissu lésé. 4-3- Inflammation aiguë TP : appendicite aiguë Anatomie Pathologique A la période aiguë de l’inflammation, c’est l’infiltration par les polynucléaires qui prédomine. La suppuration : elle est caractérisée par la présence d’une nécrose tissulaire riche en polynucléaires normaux et altérés. Exemple: L’appendicite aiguë (cf TP 1): l’épithélium de surface, de type colique, est abrasé et remplacé par un enduit fibrinoleucocytaire. Le chorion sous-jacent est massivement infiltré par de nombreux polynucléaires neutrophiles parfois altérés. Les polynucléaires peuvent également infiltrer la sous-muqueuse et la musculeuse. Un enduit fibrinoleucocytaire est parfois adhérent au niveau de la séreuse et atteste alors d’une péritonite associée. Il peut y avoir des micro-abcès dans l’appendicite aiguë. L’abcès se constitue en deux phases:
- une phase phlegmoneuse marquée par des phénomènes vasculaires et exsudatifs importants: congestion, oedème, diapédèse. Le foyer atteint est large, prolongé par une lymphangite
- une phase de collection caractérisée par la nécrose purulente. Les lésions sont circonscrites. Le pus occupe le centre d’une poche inflammatoire. La paroi de cette poche comprend, de dedans en dehors, les différents aspects du processus inflammatoire. On distingue alors histologiquement: . la zone centrale, constituée par la nécrose purulente . la paroi qui comprend deux zones intriquées: la partie interne comporte des phénomènes vasculaires de congestion, d’oedème, de diapédèse; la partie externe correspond aux phénomènes de réparation (avec apparition de macrophages, néoangiogénèse vasculaire et prolifération fibroblastique). La constitution de cette couche permet la limitation et la collection du foyer purulent. L’évolution de l’abcès est favorable (cf. chapitre 4) après détersion spontanée ou chirurgicale. Il persiste une cicatrice fibreuse. L’évolution peut être défavorable par progression de la suppuration si les phénomènes de nécrose l’emportent sur les mécanismes de collection. L’évolution peut être défavorable par fistulisation, n’aboutissant qu’à une détersion insuffisante. L’évolution peut se faire par enkystement secondaire de la nécrose, si la production de collagène est exagérée ou si la détersion n’a pas lieu. Il peut exister, dans les mêmes conditions, une calcification de la nécrose. L’inflammation gangréneuse: elle est caractérisée par une nécrose tissulaire extensive en rapport avec des obstructions vasculaires ou des infections à germes anaérobies (appendicite, cholécystite). Certaines situations pathologiques empêchent ou retardent la cicatrisation normale. C’est alors une inflammation chronique, et l’infiltrat est à prédominance de cellules mononucléées.

4-4- Cicatrisation TP: bourgeon charnu , cirrhose hépatique 4-4-1- La cicatrisation normale Le tissu formé après la phase vasculo-exsudative de l’inflammation est le bourgeon charnu. Il comprend:
- une substance interstitielle lâche, oedémateuse
- de nombreux capillaires dilatés, congestifs à disposition radiaire
- des cellules qui forment une population dense et polymorphe qui constitue l’infiltrat inflammatoire, ou granulome inflammatoire et associe : . des polynucléaires, parfois éosinophiles . des lymphocytes et des plasmocytes . des macrophages . des fibroblastes . des mastocytes. Le terme de granulome inflammatoire (ou, sous forme simplifiée, de granulome) peut être assorti d’un adjectif qui précise
- la cause de la lésion; exemple: granulome à corps étranger (cf chapitre 4-4).
- la population cellulaire prédominante; exemples: granulome plasmocytaire, granulome histiocytaire, granulome épithélioïde . A partir du bourgeon charnu se fera la cicatrisation. L’évolution du processus inflammatoire se fait souvent vers une cicatrisation complète, sans séquelle, c’est-à-dire avec restitution ad integrum des tissus préexistants. Exemples: cicatrisation parfaite du tissu musculaire lisse utérin après césarienne; reconstruction osseuse après cal fracturaire. C’est aussi le cas des lésions de très petite taille, ou de nombreuses atteintes du tissu conjonctif. La cicatrisation commence au bout de quelques jours. La cicatrice n’est pas stable avant un an. Physiopathologie Trois conditions sont nécessaires à une bonne cicatrisation : La détersion est obligatoire s’il existe un foyer de nécrose ou des débris tissulaires qu’il faut évacuer. Si les débris nécrosés sont peu abondants, la détersion est assurée par les macrophages (phagocytose, digestion intralysosomiale complète ou élimination des déchets par le système lymphatique ou un conduit naturel). Si les produits nécrosés sont abondants, il faut une détersion externe:
- spontanée: liquéfaction de matériel nécrosé (pus) et élimination : par fistule dans un conduit naturel (vomique de l’abcès du poumon) ou par fistulisation à la peau ; parfois élimination en bloc par lyse à la périphérie du tissu nécrosé sous l’action des phagocytes (exemple: élimination du bourbillon du furoncle).
- chirurgicale (parage de la plaie) La coaptation: c’est la contraction du foyer inflammatoire avec rapprochement et même affrontement de ses berges. Elle peut être spontanée (par exemple dans la peau) ou artificielle (suture chirurgicale, greffe, ajustement des extrémités osseuses...). La bonne vascularisation est indispensable pour l’apport des cellules et des substances nécessaires à la réparation. Si la vascularisation est mauvaise, le passage à la chronicité est un risque (ulcère variqueux...). Anatomie pathologique Le bourgeon charnu (cf TP 1). L épithélium de surface est totalement abrasé. Le conjonctif sous-jacent contient de nombreux néovaisseaux à disposition radiaire, bordés par un endothélium turgescent. L’infiltrat leucocytaire est polymorphe mais avec une majorité de cellules mononucléees. La surface est bordée par un enduit fibrino-leucocytaire. Parfois, en particulier lorsque les conditions nécessaires à une bonne cicatrisation ne sont pas remplies, l’évolution est moins favorable. Le bourgeon charnu se développe exagérément réalisant un aspect pseudotumoral, ou, au niveau de la peau ou d’une muqueuse un "botriomycome".

4-4-2- Cicatrisation pathologique: la fibrose Beaucoup d’organes détruits n’ont pas la capacité de régénérer du fait de l’existence de cellules spécialisées (fibres myocardiques, glomérules rénaux, neurones...). Le parenchyme détruit initialement est remplacé par une fibrose. La fibrose se définit comme l’augmentation de la trame conjonctive d’un tissu. Elle peut être: . jeune: ferme, sans être dure, peu dense, très cellulaire, riche en éléments inflammatoires; . ancienne: dure, très peu cellulaire, surtout constituée de fibres collagènes. Au maximum est constituée la sclérose hyaline (hyalin: aspect vitreux et homogène, de coloration jaune safran). La fibrose peut être: . atrophique: remplaçant un parenchyme actif en rétractant l’organe (cicatrices de pyélonéphrite, d’infarctus du myocarde, d’infarctus rénal,...); . hypertrophique: chéloïde ; c’est une cicatrice hypertrophique, protubérante, par formation excessive de collagène. La fibrose peut être: . mutilante: cirrhose, sclérose d’enkystement d’un abcès, certaines fibroses pulmonaires; . systématisée: fibrose portale et interportale du foie. Un exemple récent de fibrose est donné par la resténose coronaire après une angioplastie coronaire par ballonet. Cette angioplastie est une alternative aux pontages coronariens chirurgicaux pour traiter l’insuffisance coronarienne athéroscléreuse symptomatique. La complication la plus préoccupante de cette angioplastie est la survenue, dans environ 30% des cas, d’une resténose coronaire dans les semaines ou les mois suivant une procédure initialement efficace. Les lésions responsables de resténose sont une hyperplasie intimale, constituée d’une matrice extracellulaire abondante et de cellules fusiformes musculaires lisses (myofibroblastes) migrées de la média. L’angioplastie induit des lésions de rupture intimale, entraînant des modifications de la média groupées sous le terme de "remodelage artériel". L’identification des facteurs impliqués dans ce remodelage est à la base de tentatives de thérapie génique de la resténose qui n’est pas d’origine athéroscléreuse. Rarement, si sa cause disparaît, une fibrose peut régresser. Le plus souvent elle se stabilise ou s’aggrave, sous l’action répétée des agressions. La fibrose est en général d’origine inflammatoire, mais elle peut également être due à d’autres causes: en particulier vieillissement tissulaire, cause métabolique, réaction au processus tumoral. Physiopathogénie Les mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans la constitution de la fibrose ont été bien étudiés dans le foie. La fibrose hépatique est la conséquence d’une production excessive de protéines matricielles et d’une diminution de leur dégradation. C’est un processus dynamique impliquant plusieurs types cellulaires, dont les cellules de Ito (cellules péri-sinusoïdales). Sous l’action du TGF, ces cellules prolifèrent et se transforment en myofibroblastes. Les myofibroblastes synthétisent le conjonctif interstitiel qui donne naissance à la fibrose. Anatomie pathologique Les modes de cicatrisation pathologique sont extrêmement variés, et seuls deux exemples sont présentés. Exemple: La cirrhose hépatique (cf TP 5) se définit par la perte de l’architecture lobulaire normale du foie (les espaces porte et les veines centrales ne sont plus visibles), avec des travées de fibrose arciforme délimitant des nodules. Au sein de cette fibrose sont présentes en quantité variable des cellules inflammatoires mononucléées, et il existe parfois une néogénèse canalaire. Dans les nodules les travées hépatocytaires sont désorientées. Dans la cirrhose d’origine alcoolique, on peut observer une stéatose, des corps de Mallory (corps rubannés rouges dans le cytoplasme des hépatocytes périportaux) et des mitochondries géantes. Une stéatose est également parfois visible. 4-5- Inflammation spécifique : Nécrose caséeuse, réaction a corps étranger TP: tuberculose pulmonaire, tuberculose ganglionnaire, réaction à corps étranger Une inflammation est dite spécifique quand elle comprend des lésions évocatrices d’une cause ou d’un groupe de causes : par exemple, nécrose caséeuse de la tuberculose, cellules géantes à corps étrangers. Une inflammation peut avoir un aspect spécifique à certains stades de son évolution et un aspect banal à d’autres stades, c’est le cas de la tuberculose. La tuberculose A la phase aiguë, exsudative, les lésions inflammatoires tuberculeuses sont généralement non spécifiques. Par contre, à ce stade initial, sur un terrain immunodéprimé, peut se développer une nécrose caséeuse. Exceptionnellement une nécrose comparable à la nécrose caséeuse peut être liée à une mycose extensive chez les sujets immunodéprimés (aspergillose). La coloration de Grocott permet de mettre en évidence l’aspergillus. Le caséum ou nécrose caséeuse est spécifique de l’inflammation tuberculeuse. Le nom de "caséum" vient de l’aspect macroscopique de cette nécrose qui rappelle celui du fromage blanc (lait caillé). Histologiquement il s’agit d’une substance éosinophile finement granuleuse, dépourvue de cellules, d’aspect homogène, mais contenant des restes de fibres collagènes, réticuliniques et élastiques (mis en évidence par des colorations spéciales). Quand le caséum vient de se constituer, il contient des bacilles tuberculeux qu’on peut colorer par la coloration de Ziehl. Ultérieurement, ces bacilles tuberculeux se nécrosent dans le caséum mal vascularisé, ce qui induit une réaction folliculaire d’hypersensibilité (faite de cellules épithélioïdes, de cellules géantes et de lymphocytes) autour du caséum: la lésion est donc caséo-folliculaire. La phase cellulaire est caractérisée par le granulome épithélioïde et gigantocellulaire (lésions dites folliculaires). Contrairement au granulome de la sarcoïdose, il est fréquemment centré par des plages de nécrose caséeuse. Les cellules épithélioïdes se disposent alors en palissade autour de la nécrose (lésions dites caséo-folliculaires). La tuberculose peut être affirmée, histologiquement:
- lorsqu’existe une nécrose caséeuse typique,
- lorsqu’on peut mettre en évidence le bacille tuberculeux, dans des lésions histologiquement spécifiques (exemple: nécrose caséeuse) ou non (exemple: lésions exsudatives). Les bacilles (BAAR ou bacilles acido-alcoolo-résistants) peuvent être visualisés par la coloration de Ziehl-Nielsen qui les colore en rouge ou par la coloration à l’auramine, cette dernière devant être regardée au microscope à fluorescence. La cicatrisation laisse souvent des séquelles fibreuses. Le caséum ne se résorbe jamais, ce qui le distingue d’autres types de nécrose (ischémique, hémorragique, suppurée...). Il possède quatre possibilités évolutives:
- s’évacuer par un trajet fistuleux, ce qui peut laisser place au niveau du poumon à une caverne tuberculeuse
- persister indéfiniment, entouré par une fibrose d’enkystement,
- se dessécher et ultérieurement se calcifier,
- se liquéfier. Le caséum ramolli apparaît histologiquement basophile et infiltré de débris cellulaires, de noyaux pycnotiques et de polynucléaires. Le ramollissement du caséum coïncide avec une intense multiplication des bacilles tuberculeux.

La tuberculose ganglionnaire (cf TP 2) est un bon exemple. Le ganglion est encore reconnaissable grâce à la pesistance de la capsule et par endroits, du sinus périphérique et du parenchyme conenant quelques follicules lymphoïdes séparés par les zones paracorticales ; Toutefois le ganglion est en général pratiquement détruit par les lésions tuberculeuses. Celles-ci sont caractéristiques avec d’une part des granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires et d’autre part des plages de nécrose éosinophile pauvre en débris cellulaires, entourées par une palissade de cellules épithélioïdes. La coloration de Ziehl permet souvent de mettre en évidence quelques BAAR. La tuberculose pulmonaire (cf TP 2). Le poumon est reconnaissable par la présence d’alvéoles bordées par de fines cloisons conjonctivo-vasculaires. On note également la présence d’une bronche associée à des vaisseaux. Le parenchyme pulmonaire contient de nombreux granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires, souvent confluents, parfois centrés par un peu de nécrose caséeuse. La coloration de Ziehl n’a pas mis en évidence de BAAR. Cette négativité n’exclut pas qu’une mycobactérie soit responsable de la lésion. La tuberculose urogénitale peut entraîner une dilatation calicielle, une hydronéphrose séquellaire et une stérilité. La tuberculose osseuse est souvent torpide et évolue à bas bruit. Le granulome épithélioïde et giganto-cellulaire n’est pas spécifique, il peut être observé dans la tuberculose, la sarcoïdose, mais aussi la lèpre, la brucellose, etc... Le granulome épithélioïde et gigantocellulaire est caractérisé par ses constituants cellulaires et par leur organisation.
- des cellules épithélioïdes qui sont des histiocytes à cytoplasme abondant, faiblement éosinophile et à limites floues, à noyau allongé ("en banane" ou "en semelle de chaussure")
- des cellules géantes, ou cellules de Langhans qui sont des histiocytes de très grande taille à cytoplasme très abondant et éosinophile, à noyaux très nombreux (plasmodes) rangés typiquement en demi-cercle
- des lymphocytes Les cellules épithélioïdes sont jointives et semblent s’enrouler entre elles de façon pseudo-épithéliale. Elles sont mêlées à des cellules géantes, qui peuvent parfois manquer. La lésion est entourée par des lymphocytes, et parfois des remaniements fibreux concentriques.

Schéma tuberculose

- La sarcoïdose peut atteindre tous les viscères; elle est particulièrement fréquente dans l’appareil respiratoire. Les granulomes épithélioïdes sont souvent confluents, et ne sont qu’exceptionnellement organisés autour d’un foyer de nécrose. Les cellules géantes peuvent contenir des inclusions appelées corps astéroïdes et corps de Schaumann. L’évolution du follicule sarcoïdosique se fait vers la sclérose, souvent hyaline, en petites travées qui dissocient les cellules épithélioïdes et géantes, puis les remplacent. Les granulomes sarcoïdosiques peuvent s’observer dans tous les organes, mais surtout en pratique dans les ganglions, les bronches, le foie, la peau et les glandes salivaires accessoires.
- La réaction à corps étranger (cf TP 1) est induite dans un tissu par la présence d’une substance étrangère, non résorbable, exogène (fragments minéraux ou végétaux introduits dans une plaie cutanée, fils de suture chirurgicale, parasites, silice, amiante...), ou endogène (lipides libérés par une nécrose tissulaire, débris provenant du contenu digestif inclus dans la paroi du tube digestif lors d’une fistule, squames de kératine, normalement contenues dans la lumière d’un kyste épidermoïde). Ce granulome est généralement beaucoup plus riche en cellules géantes qu’en cellules histiocytaires. Quand les corps étrangers sont de petite taille, ils sont englobés dans le cytoplasme d’une cellule géante. Quand ils sont de grande taille, ils sont entourés par plusieurs cellules géantes qui se moulent sur eux. Les cellules géantes comportent de multiples noyaux. Des macrophages sont associés aux cellules géantes.

La lésion de granulome à corps étranger peut être de grande taille et scléreuse et être prise à tort pour une tumeur; ce sont des "pseudo-tumeurs à corps étranger". D’autres réactions à corps étranger peuvent avoir un centre suppuré, abcédé. La réaction inflammatoire induite par un corps étranger n’a pas tendance à régresser et à guérir si le corps étranger qui la déclenche n’est pas résorbable et ne peut être éliminé.